La résilience du GFI

4 Nov 2025

 Il y a cinq ans à peine, le gérant de fortune indépendant vivait encore dans un monde familier. Un monde où l’on parlait de relation de confiance, d’expertise, de performance, et où l’on pouvait encore, parfois, respirer entre deux rendez-vous clients. Puis, soudain, tout a changé. En quelques années, le GFI a vu son univers se transformer à une vitesse inédite, les audits se cumulant désormais aux meetings.

Aujourd’hui, le GFI est surveillé comme une banque, réglementé comme une institution systémique, et contrôlé jusque dans ses processus internes les plus fins. Ses coûts de conformité ont pris l’ascenseur sans prévenir, pendant que ses marges, elles, descendaient sagement l’escalier.

Il fait face à une possible bulle spéculative qu’il doit observer sans la nourrir, tout en expliquant à ses clients que la sagesse paie davantage que la frénésie. Il doit apprendre à travailler avec toujours moins de rétrocessions, ou presque, et réinventer son modèle économique sous les projecteurs d’une régulation toujours plus exigeante.

Et puis, il y a cette réalité plus silencieuse, mais tout aussi implacable : sa clientèle vieillit. Ses repères ne sont pas ceux de la génération suivante, qui parle plus volontiers de tokenisation que d’obligations, et qui confie davantage sa confiance à un écran qu’à une poignée de main.

Et pourtant… il est toujours là. Le gérant de fortune indépendant suisse continue de tracer sa route, avec calme, conviction et un brin d’obstination. Il s’adapte, se forme, mutualise, collabore. Il reste debout dans la tempête, fidèle à ce qui le définit : la proximité, l’indépendance et la responsabilité. C’est si vrai qu’on voit apparaître sur le marché toujours plus de nouveaux GFI.

Fort, oui. Résilient, surtout.

Fabian Charlier, CFA